Oui. Faites-en plein. Laissez-les mûrir jusqu'à ce qu'ils soient capables de trotter sur leur pattes arrières en tirant une petite valise à roulettes Dora l'exploratrice. Là, c'est le moment de les emmener en vacances avec vous.

Choisissez le train. Un long trajet sans escales, fin juillet-début août de préférence. Veillez à ce qu'il fasse suffisamment chaud pour que la climatisation ne serve à rien et qu'il y ait assez de crétins partant en même temps de vous pour que votre wagon soit plein à craquer.

Pendant que vous cherchez votre place, ne prenez surtout pas votre chiard dans vos bras. Laissez-le se traîner laborieusement à côté de vous, avec sa petite valise qu'il fait tomber toutes les trente secondes. Si vous l'avez correctement mal éduqué, votre nain devrait non seulement créer un embouteillage digne d'une attente aux caisses le premier jour des soldes, mais aussi se montrer joyeusement disposé à geindre à la moindre contrariété. Si ce n'est pas le cas, ne paniquez pas : le mouflet se mettra automatiquement en mode nuisance sonore une fois installé sur son siège. En effet, pour des raisons que la science n'a pas encore éclaircies, les modes de transport collectifs, et plus particulièrement le train, et plus particulièrement le TGV Paris-Marseille, provoquent immanquablement chez le chiard en bas-âge une considérable amplification de sa faculté à faire chier. Une fois installé donc, et ce même avant le départ du train, votre nabot devrait commencer à vous faire regretter de l'avoir conçu. Le mini-vous va exploiter successivement différentes techniques, du "je me tortille sur le fauteuil en prenant des poses obscènes qui choquent la vieille en face", au "je pousse sans raison des cris de hyène", en passant par l'incontournable "je cours partout dans le wagon en posant des questions connes aux passagers", sans oublier le fameux "je pleure des larmes de sang parce qu'on m'empêche de fouiller dans les valises des gens".

En bons parents pétris d'amour inconditionnel et adeptes du refoulement de vos pulsions destructrices par la consommation massive de légumes bio et d'écrans plasma, vous laisserez la petite canaille meugler tout son saoul sans intervenir, vous limitant à quelques "chut, poussin, la dame fait dodo", toutes les deux heures environ, histoire de vous donner bonne conscience. Le fruit de vos entrailles, recharpentées post-partum à grand coup de Powerplate en prévision de vos vacances à la Baule, pourra ainsi s'adonner à une brillante démonstration publique de ses talents d'emmerdeur, sans craindre de voir ceux-ci inhibés par la réprimande. Morvant de joie, votre petit tube digestif tartiné de barquettes trois chatons à la fraise se livrera corps et âme à sa représentation, ne laissant aucun répit à son auditoire subjugué, qu'il n'oublira pas de bénir d'un filet de bave ou d'une petite tape poisseuse sur la chemise neuve. Pour finir en apothéose, la chose ne manquera pas de s'assoupir dix minutes avant l'arrivée au terminus, ce qui lui donnera l'occasion de molester une dernière fois les tympans fatigués de l'assemblée quand vous oserez le tirer de son doux sommeil.

"Mais je vous jure, monsieur le policier, c'est lui qui s'est jeté tout seul du train, il voulait récupérer son doudou. C'est quand même pas ma faute si ce merdeux était autant attaché aux choses matérielles."